jeudi 16 mai 2013

PERCEPTION AUTOUR DU PRESERVATIF


             Comme nous l’avons relevé dans l'artcile portant sur les perceptions autour du sida, le  traitement n’existe pas, seule la prévention est le moyen le plus efficace de lutte. Le plus privilégié ici est le préservatif ou condom ou capote anglaise, il est utilisé en Afrique et présente l’avantage d’être moins coûteux et facilement accessible. Il s’avère être une innovation par rapport aux pratique sexuelles et par rapport aux rapports sexuel normal, selon les canons traditionnels.
           De ce fait, promouvoir l’utilisation du condom suppose un changement de comportements chez les prostituées et leurs clients et  la question qui surgit reste celle de savoir comment amener ces individus à changer leurs pratiques. A la base, il y a le problème de l’attitude vis-à-vis du sida qui conditionne les motivations au changement. Cette attitude dépend de la représentation que l’on se fait de la maladie, de la perception que l’on a et des connaissances qu’ont les individus à son sujet.  « Si par attitude, nous entendons des idées fondamentales relatives au monde, idées dirigeant la conduite des individus et forgeant leur personnalité, nous posons pour acquis le fait que l’attitude précède et dirige la pratique. » (p30). Il est possible de créer dans ce cas, des réflexes dans l’utilisation du condom, sans que l’attitude vis-à-vis de la maladie ait été profondément modifiée. Le procédé classique souvent utilisé pour susciter un changement de conduite est celui du changement d’attitudes, provoquant le changement de pratiques.
              Les structures sociales sont encore celles des sociétés dites traditionnelles se caractérisant par la permanence et une certaine résistance aux changements. Le changement au sens de G.Rocher comme une transformation au sein d’une collectivité affectant de manière durable la structure ou le fonctionnement de l’organisation sociale et modifiant le cours de son histoire (1968, p81). Il faudra qu’un changement s’opère au niveau des structures mentales régissant le représentation de la maladie et du rapport sexuel au sein de la collectivité, pour que l’attitude  et le comportement des individus soient modifiés. Ou alors, il faudra que l’individu réussisse à renverser en lui les schémas traditionnels de la représentation de la maladie et du condom pour laisser place à de nouveaux. L’amulette ou le fétiche sont pour beaucoup plus efficaces pour se prémunir contre la maladie que le condom.
             Ayant recueillis des informations auprès des prostituées, l’auteur Béat note que « l’idée communément admise relative au refus d’usage du condom est que les hommes y sont  réticents » (p39) et « il y a chez les femmes un blocage suscité par la répulsion à accueillir dans son corps un élément plastique pour lequel elles ne  savent pas très bien quelles en seraient les retombées ». Pour les hommes, le condom représente une limitation au plaisir, et une frustration certaine du fait du dépôt du sperme hors du vagin féminin lors d’un rapport sexuel, et laisse un sentiment inachevé.  Une des justifications principales alléguées, à savoir la diminution du plaisir, se rattache aussi à toute conception traditionnelle du rapport sexuel ; celui-ci a pour but soit la procréation, soit la jouissance.
           Dans le cadre du rapport de type prostitutionnel, il s’agit pour l’homme de jouissance, d’exprimer, en satisfaisant un besoin biologique, sa virilité, en se servant de la femme, utilisée alors par lui comme support. Il exprime à travers sa virilité toute se vigueur, et l’acte sexuel devrait être un acte complet. Il est en fait perçu comme un combat dans lequel l’homme devrait manifester sa domination, sa supériorité vis-à-vis de la femme. Celle-ci passe nécessairement par le fait d’arriver à un orgasme accompli, et une éjaculation directe dans le sein de la partenaire. A cause de cette image sociale, de cette conception du rapport sexuel, le port du préservatif -qui bloque totalement une éjaculation dans le vagin de la partenaire - s’oppose à cette réalisation. Il y a une réticence et une frustration chez l’homme à voir son « précieux » liquide séminal se répandre hors du vagin de sa partenaire, cela relève du gaspillage ou une perte frustrante. Le condom court-circuit le  déroulement normal du rapport sexuel et laisse à l’individu un sentiment d’inachevé, de non accomplissement totale et à l’opposé de ce qu’il rechercherait en allant chez la prostituée.

               Dans le rapport sexuel, il y a deux objectifs : exprimer la virilité de l’homme et permettre la procréation pour la femme. Ainsi, il exprime la force physique de l’homme, sa virilité et sa domination sur la femme. Pour la procréation, il permet d’élever la femme à un statut de mère respectée et responsable dans la société traditionnelle. Le rapport sexuel moderne se veut rapport  protégé des risques de contamination des MST et de maternité. Le condom se présente comme une innovation contribuant à un certain développement de nos populations en les protégeant des MST et des maternités non désirées.  Dans le même ordre d’idées, F. Perroux (1961 pp16)  définit le développement comme    « une combinaison des changements  sociaux d’une population qui la rende apte à faire croître cumulativement et durablement son produit réel et global ». Alors, le condom devrait pouvoir s’y inscrire en tant que facteur  de changement des comportements sociaux en vue du mieux être des populations. Il y aurait lieu de ne plus faire « capoter » mais du faire porter au sein de la population à haut risque.

Bibliographie
  • F.Perroux : Qu’est ce que le développement in Etudes, Janvier 1961
  • Guy Rocher : Introduction à la sociologie générale, tome3, le changement social, Edition H.M.H, points, Ltée, 1968.

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