vendredi 31 mai 2013

CE QUE L’INFORMATION PEUT FAIRE ET CE QU’ELLE PEUT AIDER A DEVELOPPER

                  La multiplication des postes radio, des journaux et salles de ciné ne s’accompagnent pas nécessairement d’un progrès social. Les moyens d’information conviennent pour certaines tâches et non pour d’autres et qui plus est de la façon dont ils sont utilisés dépend leur résultat. Les moyens d’information contribuent au développement national en aidant à provoquer des transformations plus précisément l’adoption de nouvelles coutumes, pratiques et dans certains cas, l’introduction de nouvelles relations sociales. Ces modifications de comportement reposent nécessairement sur des transformations profondes des attitudes, des convictions, des techniques et des normes sociales.
Pour s’assurer d’une transformation sociale qui puisse apporter le développement, il faut d’abord tenir compte des valeurs culturelles qui sont  étroitement liées à l’organisation sociale et économique ensuite considérer les relations sociales du groupe concerné. Car elles ont une influence importante sur le changement d’attitudes et il y a réticence car les personnes éduquées se rétractent souvent à l’ordre jadis préétablit et  enfin mettre sur pied un programme d’enseignement des techniques nécessaires. Une société qui commence à se développer manque nécessairement de spécialistes. Pour faciliter les transformations sociales, il faut que le progrès des connaissances techniques aille de pair avec le développement.
En ce qui concerne l’utilisation efficace des moyens de communication d’une part, il y a le risque d’échec, d’inefficacité dus à un manque de connaissances de la culture des personnes concernées par le développement.   Une action locale est encore plus importante pour la prise de décisions qui sont à la base de la plupart des transformations locales. L’exemple de la démonstration sur place a une valeur inappréciable. Tous ceux qui ont prêché par l’exemple comme Margaret Mead ou Kemal Ataturk ont eu des résultats positifs de la part de la population qui se sentait plus confiante en ce qu’on leur proposait.  Ainsi apparaît la deuxième condition de l’utilisation efficace des moyens de communication : il faut savoir distinguer entre ce que ces moyens peuvent faire et ce qu’ils peuvent aider à faire. Tous les pays en voie de développement doivent donc apprendre  à délimiter les domaines où les moyens d’information peuvent exercer une action efficace par eux-mêmes et ceux  où ils ne peuvent que favoriser la communication personnelle, afin d’en tirer un produit maximal. Pour participer à la transformation sociale exigée par le développement national, l’information doit jouer un triple rôle. Premièrement, la population doit être informée au sujet du développement national ; deuxièmement, il faut donner à la population la possibilité de participer intelligemment aux décisions et en dernier lieu, il faut enseigner les techniques nécessaires. Parmi les rôles cités que doit jouer l’information, le premier (information et observations) peut être directement accompli par les moyens d’information. Quant au second à savoir l’élaboration des décisions, les moyens d’informations ne peuvent qu’aider à accomplir et le dernier à savoir l’enseignement peut être accompli en partie directement , en partie en liaison avec différentes formes de communication personnelle.

 cet artcile s'est inspiré du livre de Wilbur Schramm dans l’information et le developpement national

jeudi 16 mai 2013

PERCEPTION AUTOUR DU PRESERVATIF


             Comme nous l’avons relevé dans l'artcile portant sur les perceptions autour du sida, le  traitement n’existe pas, seule la prévention est le moyen le plus efficace de lutte. Le plus privilégié ici est le préservatif ou condom ou capote anglaise, il est utilisé en Afrique et présente l’avantage d’être moins coûteux et facilement accessible. Il s’avère être une innovation par rapport aux pratique sexuelles et par rapport aux rapports sexuel normal, selon les canons traditionnels.
           De ce fait, promouvoir l’utilisation du condom suppose un changement de comportements chez les prostituées et leurs clients et  la question qui surgit reste celle de savoir comment amener ces individus à changer leurs pratiques. A la base, il y a le problème de l’attitude vis-à-vis du sida qui conditionne les motivations au changement. Cette attitude dépend de la représentation que l’on se fait de la maladie, de la perception que l’on a et des connaissances qu’ont les individus à son sujet.  « Si par attitude, nous entendons des idées fondamentales relatives au monde, idées dirigeant la conduite des individus et forgeant leur personnalité, nous posons pour acquis le fait que l’attitude précède et dirige la pratique. » (p30). Il est possible de créer dans ce cas, des réflexes dans l’utilisation du condom, sans que l’attitude vis-à-vis de la maladie ait été profondément modifiée. Le procédé classique souvent utilisé pour susciter un changement de conduite est celui du changement d’attitudes, provoquant le changement de pratiques.
              Les structures sociales sont encore celles des sociétés dites traditionnelles se caractérisant par la permanence et une certaine résistance aux changements. Le changement au sens de G.Rocher comme une transformation au sein d’une collectivité affectant de manière durable la structure ou le fonctionnement de l’organisation sociale et modifiant le cours de son histoire (1968, p81). Il faudra qu’un changement s’opère au niveau des structures mentales régissant le représentation de la maladie et du rapport sexuel au sein de la collectivité, pour que l’attitude  et le comportement des individus soient modifiés. Ou alors, il faudra que l’individu réussisse à renverser en lui les schémas traditionnels de la représentation de la maladie et du condom pour laisser place à de nouveaux. L’amulette ou le fétiche sont pour beaucoup plus efficaces pour se prémunir contre la maladie que le condom.
             Ayant recueillis des informations auprès des prostituées, l’auteur Béat note que « l’idée communément admise relative au refus d’usage du condom est que les hommes y sont  réticents » (p39) et « il y a chez les femmes un blocage suscité par la répulsion à accueillir dans son corps un élément plastique pour lequel elles ne  savent pas très bien quelles en seraient les retombées ». Pour les hommes, le condom représente une limitation au plaisir, et une frustration certaine du fait du dépôt du sperme hors du vagin féminin lors d’un rapport sexuel, et laisse un sentiment inachevé.  Une des justifications principales alléguées, à savoir la diminution du plaisir, se rattache aussi à toute conception traditionnelle du rapport sexuel ; celui-ci a pour but soit la procréation, soit la jouissance.
           Dans le cadre du rapport de type prostitutionnel, il s’agit pour l’homme de jouissance, d’exprimer, en satisfaisant un besoin biologique, sa virilité, en se servant de la femme, utilisée alors par lui comme support. Il exprime à travers sa virilité toute se vigueur, et l’acte sexuel devrait être un acte complet. Il est en fait perçu comme un combat dans lequel l’homme devrait manifester sa domination, sa supériorité vis-à-vis de la femme. Celle-ci passe nécessairement par le fait d’arriver à un orgasme accompli, et une éjaculation directe dans le sein de la partenaire. A cause de cette image sociale, de cette conception du rapport sexuel, le port du préservatif -qui bloque totalement une éjaculation dans le vagin de la partenaire - s’oppose à cette réalisation. Il y a une réticence et une frustration chez l’homme à voir son « précieux » liquide séminal se répandre hors du vagin de sa partenaire, cela relève du gaspillage ou une perte frustrante. Le condom court-circuit le  déroulement normal du rapport sexuel et laisse à l’individu un sentiment d’inachevé, de non accomplissement totale et à l’opposé de ce qu’il rechercherait en allant chez la prostituée.

               Dans le rapport sexuel, il y a deux objectifs : exprimer la virilité de l’homme et permettre la procréation pour la femme. Ainsi, il exprime la force physique de l’homme, sa virilité et sa domination sur la femme. Pour la procréation, il permet d’élever la femme à un statut de mère respectée et responsable dans la société traditionnelle. Le rapport sexuel moderne se veut rapport  protégé des risques de contamination des MST et de maternité. Le condom se présente comme une innovation contribuant à un certain développement de nos populations en les protégeant des MST et des maternités non désirées.  Dans le même ordre d’idées, F. Perroux (1961 pp16)  définit le développement comme    « une combinaison des changements  sociaux d’une population qui la rende apte à faire croître cumulativement et durablement son produit réel et global ». Alors, le condom devrait pouvoir s’y inscrire en tant que facteur  de changement des comportements sociaux en vue du mieux être des populations. Il y aurait lieu de ne plus faire « capoter » mais du faire porter au sein de la population à haut risque.

Bibliographie
  • F.Perroux : Qu’est ce que le développement in Etudes, Janvier 1961
  • Guy Rocher : Introduction à la sociologie générale, tome3, le changement social, Edition H.M.H, points, Ltée, 1968.

samedi 11 mai 2013

PERCEPTIONS DU MALADE DU SIDA


               Selon Didier Fassin « maladie et médecine » ( pp 40) «  d’une manière générale, on peut observer que la réalité biologique de la maladie ne correspond pas à la réalité de celui qui en est atteint ( c’est d’ailleurs également vrai  en France si l’on confronte « la maladie du médecin » et « la maladie du malade » pour reprendre les termes de Leriche) ».
             La séropositivité affecte l’image  de soi à travers la perception de son propre corps considéré dangereux. La peur apparaît doublement : la peur pour soi du fait de son statut sérologique et celle de contaminer l’autre. Si la peur peut être misez à distance dans les autres moments de al vie quotidienne, les rapports sexuels la rappellent toujours. La sexualité s’en trouve ainsi altérée de diverses façons : renoncement à la vie sexuelle, baisse du désir, insatisfaction des relations affectives et sexuelles, dysfonctionnement sexuel, perturbation des relations amoureuses ou encore multiplication des rencontres sexuelles non investies ou dévalorisées.
              La gestion du risque est particulièrement complexe chez les femmes parce que dans les représentations sociales de la maladie, la séropositivité féminine est souvent déniée. Les femmes séropositives ont d’extrêmes difficultés à se présenter comme telles, confrontées à un triple stigmate : la souillure, la dangerosité et la blessure.( séropositivité, vie sexuelle et risque de transmission du VIH, 1999)
             Le sida touche des domaines existentiels fondamentaux, tabouisés et refoulés comme la sexualité, la maladie, la mort, l’homosexualité ; la toxicomanie, la prostitution. En République Fédérale d’Allemagne, la maladie affecte toujours la minorité en premier, surtout les homosexuels masculins et les toxicomanes par voie intravénimeuse. Le sida renvoie au style de vie. On tient la personne responsable de son style de vie et de la contamination par le VIH. Puis on dégage sur lui la responsabilité pour la santé de la population, si nécessaire par des mesures étatiques restrictives. Dans  le cas du sida, les tendance à l’exclusion et à l’éloignement fondées sur les peurs de contact et de contagion sont incomparablement plus fréquentes, plus directes et apparemment justifiées par les possibilités réelles de contagion. Les proches n’apportent qu’un soutien pratique et morale minime, souvent la famille, les amis, collègues se retirent. Aux séropositifs et aux sidéens, on ne témoigne guère la compassion dont fait l’objet des malades du cancer en dépit de sentiments ambivalents. Le taux de suicide élevé laisse apparaître la grande tension nerveuse dont sont soumis les séropositifs.
            Selon Goffman, le porteur de stigmate accepte les valeurs sociales dominantes et va , en conséquence ressentir de la honte. A partir de ce postulat, l’auteur a identifié l’éventail des stratégies que les porteurs de stigmate utilisent pour gérer les tensions apparaissant au cours de leur contact avec les « gens normaux », il en identifie trois :
·         L’individu cache l’attribut dévalué afin d’être accepté comme quelqu’un de normal
·         Il essaie de réduire la signification de la condition de personnes stigmatisée plutôt que de nier son existence
·         Il décide au contraire de se retirer de la vie sociale et de ne plus participer aux activités qui impliquent un contact avec les gens normaux.

             En ce qui concerne la première stratégie, Goffman considère que lorsque la situation est discréditable, la tache principale de l’individu est de gérer l’information qui pourrait conduire au fait d’être discrédité. Ce phénomène est particulièrement saillant dans le cas du sida oùles premiers individus atteints étaient le plus souvent homosexuels ou toxicomanes, da,ns ce cas, le stigmate attaché à ces groupes sociaux est venu s’ajouter à celui de la maladie  les personnes atteintes étant ainsi souvent doublement stigmatisées. Les études de Rose Weitz montrent que la confidentialité est un enjeu central. Les personnes atteintes interviewées tentent d’éviter la        stigmatisation en cachant leur maladie, ou en sélectionnant soigneusement les personnes auxquelles elles peuvent la révéler et dans quelles circonstances. Aussi, pour tester l’éventuelle réaction de leur interlocuteur, se présentent-elles parfois d’abord comme des personnes ayant des malades dans leur entourage. Les travaux de Micheal Pollak et de Marie-Ange Schiltz montrent également, pour les personnes homosexuelles contaminées, toutes les difficultés de la gestion d’une « identité indicible ».

Bibliographie
  • Mara Viveras : la relation entre médecines et maladies, in sociétés, Developpement et santé, Didier Fassin et Yannick Jaffre et Al, Edition Marketing/ Ellipses, 1990

jeudi 9 mai 2013

PERCEPTIONS AUTOUR DU SIDA

             Une compréhension globale du sida dans ces multiples dynamiques requiert une perception sociale large.
              Le sida au Cameroun du fait de l’ignorance suscite bien des sentiments controversés, la peur pour certains, la curiosité pour d’autres, chez plusieurs des discours ironiques et une indifférence.  Dans les rues, on remarque une kyrielle de définitions, interprétations réelles ou imaginaires du sigle et des commentaires divers sur la maladie. On parle de « syndrome inventé pour décourager les amoureux », de « salaires impayés depuis avril » ou « encore salaires insuffisants et difficilement acquis ».  Le terme sidéen est ainsi   passé dans le lexique d’insultes en Afrique pour désigner un individu anormalement maigre.                                                                            Dans certains cas, l’homme a tôt fait de diagnostiquer un cas de sida chez un malade en état de dépérissement  et pour lequel, ni médecin, ni médicament n’ont pu réussir le malade ou à identifier une maladie connue (surtout si le sujet avait un comportement sexuel libertin).
           Le sida a également été le thème de quelques chansons, notamment au Cameroun avec  la chanson célèbre dont a été tiré l’indicatif de message de prévention radio diffusé et donnait un sérieux avertissement aux populations : «  le sida ne pardonne pas » que le public a tôt fait de réplique : «  le sida me pardonnera ».
          Le fait qu’il existe des traductions locales du sigle et ses commentaires rendent compte de l’impact certain des médias pour sensibiliser les populations sur ce mal dans un certain sens. Dans un sens, on est en droit de penser que ces interprétations pour le moins originales  expriment une autre réalité : le sida n’est pas sous nos cieux  une réalité primordiale pour les hommes comme  il l’et pour les services de santé. Face aux divers problèmes auxquels il doit faire face, le sida se trouve être un mal parmi d’autres  qui tendent à raccourcir de vie de l’Afrique.
               Le sexe qui reste l’un des loisirs à la portée de tout un chacun est le lieu de défoulement du trop pleins de frustrations. Et comment le laisserait-on interdire pensent les gens, ou en restreindre l’usage  en brandissant la menace du sida ? Comment pourrait-on laisser le préservatif ajouter aux frustrations déjà existantes, celles d’un rapport manqué à cause de la menace du sida ? C’est ainsi qu’il faut traduire ces réactions quelque peu surprenantes vis-à-vis du message de la prévention du sida.
              Dans le même sillage, seconde interprétation du sigle traduit le fait que l’état des salaires et la périodicité de payement de ceux-ci de plus en plus irréguliers,  constitue un souci plus immédiat que celui du sida, non seulement pour l’individu mais aussi pour toute une suite de parents dépendant de sa bourse pour subvenir à des besoins primaires.
             Pour la plus part de nos congénères, le sida s’il est reconnu comme incurable, reste la maladie de  « l’autre ». Avant, on en parlait comme une maladie des « européens » surtout qu’elle fut associée aux pratiques homosexuelles plutôt rares au pays. Plus tard, lorsqu’on dépista plusieurs cas au Cameroun, et que route une campagne d’information fut faite, le public commença à s’y intéresser sérieusement même lorsqu’à la télévision, ces action d’information présentaient des sidéens, plusieurs sont restés et restent sceptiques. L’argument brandi est que la personne n’a jamais vu un sidéen dans la réalité , soit que ces sidéens présentés à la télévision pourraient tout aussi être des malades frappés par d’autres maladies présentant les mêmes symptômes( tuberculose, touchés par la famine, cancéreux etc.) 
             En Europe, on avait même qualifié cette maladie de « cancer de gay » puisque ayant été décelé chez des jeunes homosexuels de NeW-York et de Californie. Si des découvertes ultérieures ont limité la validité de cette assertion, il n’en reste pas moins qu’elle touche plus fortement certains milieux haut risque en raison de ses habitudes sexuelles.
           Pour terminer sur ce qui est dit sur le sida, nous passeront à la strate de l’intelligentsia pour reprendre une des ses productions, interprétant également à sa manière le sigle. Un journaliste ivoirien l’a défini comme « le syndrome d’une intelligentsia déficitaire attaquée.» pour cette catégorie de personne, le souci primordial, le péril le plus grave menaçant l’Afrique serait celui de la diminution des intellectuels de la réflexion et celui de ses préoccupations  de la « chair ».
             Dans les sociétés dites animistes, la maladie est souvent conçue comme la conséquence d’une violation des lois divines, ou d’une offense aux esprits ancestraux ou encore d’une calamité venant de l’au-delà, de Dieu en état quasi permanent de courroux dont il faut  apaiser ou s’attirer des bénédictions par des rites et des célébrations diverses. Si avec l’introduction de la médecine moderne, nous ne sommes plus à ce stade, notons néanmoins que beaucoup considèrent que la maladie a des origines surnaturelles (sorts jetés, pratique maléfiques, sorcellerie etc.) et ici, le sida n’y échappe pas et (cela d’autant plus qu’il n’est pas soigné par la médecine classique). Selon Mara Viveras, « la relation entre médecines et maladies »  (D.Fassin, 1990), la manière dont les gens interprètent, classent les symptômes de la maladie détermine leur trajectoire thérapeutique, qui peur être orientée ou déviée à la suite d’une non satisfaction des résultats escomptés, par les soins prodigués à l’hôpital par exemple, amener le malade à se diriger vers les médecine parallèles (marabouts, divins, églises, hommes de dieu, guérisseurs, naturopathe etc.). Dans le même ouvrage, Marc-Eric G «  le malade et  sa famille » note que très souvent, les causes de la maladie et la trajectoire  thérapeutique est déterminée par la famille du malade. Le processus  dans lequel le malade est engagé( soupçons, conflits familiaux) aux différents praticiens se fonde sur une logique familiale ; toute la maladie qui n’est pas rapidement résorbée aboutit la plupart du temps à des soupçons d’agression d’un tiers( parents, voisins, collègues de travail, par l’intermédiaire oui non d’un fétiche) envers le malade : agression d’un sorcier  qui dévore le double du malade, mais aussi agression parfois involontaire par des fétiches ou tout simplement par des paroles énoncées à l’encontre du malade.
           Dans le même ordre d’idées, deux types d’interprétations ont aussi émergées, au début de cette épidémie, selon JODELET : dans un premier cas, on l’aperçoit comme une « maladie punition » « frappant la licence sexuelle ».
               Dans un autre cas, on la considère comme extrêmement contagieuse, au-delà de ce qui est rationnellement admissible.   Markovaé et Wilkie on ainsi relevé dans la presse des expressions où le sida est, comme le fut la syphilis, donné pour effet d’une société permissive, condamnation ders conduites dégénérées, punition de l’  « irresponsabilité sexuelle », fléau dont  « les bons chrétiens qui ne rêvent pas de se conduisent mal »sont épargnés. Elles observent corrélativement un repliement sur les valeurs familiales traditionnelles qui  est à la fois un garant de la protection contre la maladie et une défense d’un ordre moral conservateur. D’où la dénonciation des mesures visant à assurer uns vie sexuelle libre mais saine, par l’usage des préservatifs notamment.
               L’autre dimension de la représentation de cette maladie fait émerger une perception spécifique du mode de contamination qui « se fait aussi par la canal des liquides corporels autre que le sperme, en particulier, la salive et la sueur ». il s’agit d’anciennes croyances sur les « humeurs », observées par Jodelet  dans la représentation de la maladie mentale. » Ces croyances […] rapportent la contagion  par les liquides corporels à leur osmose avec le sang el le sperme. Ainsi en va-t-il pour la maladie mentale dont le dégénérescence affecte les nerfs, le sang et se transmet par la salive et la sueur ». Le sida ou la syphilis se propageaient de la même manière dans l’esprit de ceux qui adopteraient cette manière de penser, malgré les démentis des scientifiques.
 Cette résurgence des croyances archaïques s’opère à la faveur d’un manque d’information. Mais sa force tient aussi à sa valeur symbolique. Le danger du contact corporel est, depuis l’antiquité un thème récurant du discours raciste qui utilise la référence biologique pour fonder l’exclusion de l’altérité. Rappelons en effet, les funestes connotations de néologismes, émanant des partis extrémistes comme « sidaiques » ou encore « sidatorium ».
             Terminons par un exemple sur les perceptions autour de la maladie par le cas des femmes Tchadiennes. Leurs opinions vis-à-vis du sida sont tributaires de la qualité de l’information reçue sur cette pandémie. A la question de savoir si une personne en bonne santé pouvait être séropositive, la majorité de femmes soit 57,5% pensent qu’une personne en bonne santé ne peut être séropositive. La notion de séropositivité semble assez mal perçue par les femmes et celles-ci conçoivent la maladie du sida comme étant fatale. De ce fait, certaines femmes veillent sur la fidélité de leurs partenaires et d’autres s’en remettent à Dieu pour assurer leur protection contre le sida. C’est le cas des femmes Baguirmi et Tandjilé, l’exception est faite chez les femmes instruites. Percevoir le sida comme une fatalité au Tchad traduit le niveau extrême d’ignorance de la maladie. Les résultats de l’EDS montrent que la résidence, l’ethnie et le niveau d’instruction sont des facteurs déterminant pour comprendre que le sida est perçu comme une fatalité.


Bibliographie
  • Mara Viveras : la relation entre médecines et maladies, in sociétés, Developpement et santé, Didier Fassin et Yannick Jaffre et Al, Edition Marketing/ Ellipses, 1990

mardi 7 mai 2013

PRESENTATION GENERALE DU SIDA

           Le SIDA (syndrome d’immuno-defficience acquise) est la forme la plus grave de l’infection à HIV (virus de l’immuno hummaine). Le virus le causant s’attaque au système immunitaire de l’individu provoquant ainsi diverses maladies. Les manifestations de la maladie sont diverses, il existe des formes mineures, intermédiaires et majeures de sida. Il peut avoir une durée d’incubation variable, allant de quelques jours à quelques mois voire des années. Les symptômes de la maladie, à un stade avancé sont ceux qui retiennent (le plus l’attention  du public, car ils font du sidéen un malade à l’aspect plutôt spectaculaire, et sont responsables de la psychose du sida, là où il existe.
          Le virus responsable affaiblit le système de défense de l’organisme et expose le malade à des infections diverses dues à des bactéries, d’autres virus, champignons , toutes sortes de micro-organismes devant les quels le sidéen n’a  aucune protection. C’est ainsi qu’il peut être sujet à des infections des poumons, du cerveau, des intestins etc. au stade avancé de la maladie, les symptômes en sont : un amaigrissement important, des éruptions cutanées (zona, infection de la langue et de la bouche), de la diarrhée etc. mais ces symptômes, il faudrait le préciser ne sont pas exclusifs au sida et peuvent être causés par d’autres maladies. Ceci a d’ailleurs suscité chez l’homme de la rue un certain scepticisme vis-à-vis de l’existence de la maladie ; puisqu individu pourrait présenter ces symptômes et souffrir d’autres maux que le sida.
             S’il n’y a aucun médicament  découvert pour traiter le sida, il en existe cependant pour traiter les infections opportunistes qu’il cause, ou ralentir leur évolution, ce qui permet de repousser l’échéance de ma mort pour le sidéen (ARV). Le sida se transmet par voie sexuelle, sanguine et périnatale ( de la mère à l’enfant). S’agissant de la contamination par voie sanguine, elle peut se faire soit lors de la transfusion, soit par le contact du sang infecté d’un individu sur plaie d’un autre individu (échange de matériel souillé : seringue, lames etc.)

             Nous terminerons par une précision sur la signification du terme séropositif, qui ne s’applique pas uniquement au sida, mais à toute maladie virale. On parle de séropositif lorsqu’un test de laboratoire a certifié la présence dans le sang d’anticorps spécifiques à un virus. Le séropositif pour le sida, c’est un individu dont le test de dépistage du VIH s’est avéré positif. Ce qui signifie qu’il a été contaminé et qu’il peut transmettre la maladie à d’autres mais ne manifeste pas encore les signes de la maladie.  Certains porteurs sont séronégatifs, en raison du fait qu’aucun anticorps n’a, au moment du test été manifesté. Pour la simple raison que le porteur se trouve dans une période de séroconversion, pendant laquelle l’organisme fabrique ses anticorps pour lutter contre l’infection. Pour le virus HIV, cette période peur varier de 3 à 12 semaines. Au Cameroun, le relevé du nombre de cas a commencé en 1985 et sera suivi plus tard d’une surveillance sentinelle auprès des femmes enceintes, un indicateur de population sexuellement active (Béat, 1993, pp 15-16)

bibliographie
Paulette Beat Songue :Sida et perceptions au Cameroun , paris l’harmattan, 1993

mercredi 1 mai 2013

LA REFONDATION DES PROGRAMMES: QUELLE APPROCHE POUR LE CAMEROUN


L’approche par compétence est aujourd’hui l’approche pédagogique que les enseignants camerounais doivent  désormais appliquer dans les salles de classe. Beaucoup ne savent pas exactement de quoi il s’agit. Alors cet article est une tentative dans ce sens. Mais avant, nous allons parler des principales entrées des programmes jusqu’alors utilisées. Il s’agit notamment de l’entrée par les contenus, de l’entrée par les objectifs et de l’entrée par les compétences.
L’entrée par les contenus
L’entrée par  les contenus est la plus ancienne.la  matière à enseigner est présentée en termes de savoirs, de connaissances ou de concepts que l’enseignant doit transmettre à l’apprenant. Les contenus tiennent une place prépondérante et les savoirs sont enseignés pour eux-mêmes et non pour être utiles dans la vie de tous les jours.
On a reproché à cette approche l’académisme et la recherche de l’érudition, ce qui ne permet pas de cibler suffisamment les enseignements.par ailleurs, cette conception engendre des disparités dans l’enseignement d’une même leçon, d’un même concept, le contenu de la leçon étant fonction de l’érudition de l’enseignant.
L’entrée par les objectifs
L’entré par les objectifs s’inspire de la pédagogique par objectif qui consiste à découper les apprentissages complexes en objectifs distincts à atteindre par l’élève. L’organisation des contenus s’opère à partir des différentes catégories d’objectifs (généraux, spécifiques, intermédiaires et opérationnels). Ces derniers ont permis d’avoir des visées précises de l’enseignement en définissant des savoirs variés. L’enseignement par objectifs permet de définir des comportements observables, mesurables et structurés mais séparés les uns des autres et qui sont à développer chez l’apprenant.
Plusieurs reproches sont faits à cette approche notamment le nombre élevé d’objectifs, le morcellement des activités de l’apprenant et l’accent mis sur le comportement de l’élève et non sur l’utilisation à bon escient des savoirs.
L’entrée par les compétences 
Elle se distingue nettement des deux premières parce qu’elle préconise de placer l’élève au centre des apprentissages et de lui donner une place d’acteur et non de consommateur.
Cette approche a été initialement retenue dans la formation professionnelle et technique. Elle s’est ensuite généralisée dans tous les secteurs de l’éducation. Elle trouve son application dans différentes composantes tels les curricula, les manuels scolaires, le système d’évaluation.
Depuis plus de dix ans, différents pays (Algérie, Tunisie, Madagascar, Suisse, Québec, Mauritanie, Burkina, Gabon, Bénin, France, Belgique, Liban…) se sont engagés dans des réformes de programmes scolaires en termes de compétences.
Mais bien que usité, le mot compétence pose beaucoup de problèmes au niveau de sa compréhension et le flou de sa définition le rend pour l’instant exotique à la quasi-totalité des enseignants.
La compétence se définit comme l’ensemble des capacités que les personnes mobilisent dans une situation donnée pour mener à bien la tâche qui leur est confiée et résoudre les problèmes qui se posent à elles. Plus simplement, la compétence est ce qui permet à chacun de réaliser une tâche complexe.
Cet article est un extrait du séminaire national des inspecteurs des sciences humaines, Yaoundé, Lycée Technique de Nkolbisson
19-21 septembre 2007 portant sur la refondation des programmes : quelle approche pour le Cameroun  par Mme NGO’O Minna Adèle, IPN