Il convient de noter avant toute
chose que qu’une grande proportion de la population du Cameroun vit dans les
zones urbaines. De moins en moins l’on voit des familles qui fréquentent leurs
villages, il ne serait même pas exagéré de dire qu’il ya des personnes qui ne
savent pas à quoi ressemble un village, qui n’ont jamais habité dans une zone
où il n’ya pas d’électricité, d’eau
sortant du robinet ou toutes ces choses qui font la grande différence entre le
vivre en ville et le vivre en campagne. Ceci étant, très peu de personnes dans
ces conditions voudront aller travailler
dans un milieu qui ne leur est pas propice et surtout sans un traitement particulier
par rapport à ceux qui travaillent dans les zones urbaines dans des conditions
de loin meilleures. La suite du travail va consister à détailler les raisons de
la fuite des zones rurales.
Le manque de conditions (hôpital, maison, eau, électricité, alimentation,
logement, divertissement…) : on se rend compte que l’enseignement est
l’un des corps de métiers où dès la sortie de l’école, vous êtes jetés dans la
nature. Notons avant tout que la formation des enseignants ne les prépare pas à
vivre dans les zones rurales et surtout que ces derniers passent souvent des
années sans recevoir de salaire. Comment donc espérer qu’ils acceptent de vivre
là où ils ne connaissent personne et sans argent et sans aucune condition. Les enseignants
sont souvent jetés dans les brousses là où ces gens qui les y envoient eux même
n’ont jamais mis pieds et connaissent le lieu uniquement sur la carte
géographique. On a ainsi l’impression que ce métier est réservé aux laisser
pour compte. Pour ne prendre que le cas de l’informatique, la formation que les
informaticiens suivent ne les prépare pas à aller travailler dans une zone où
l’électricité n’existe pas encore moins les ordinateurs. Certains diraient que
l’on peut très bien enseigner
l’informatique sans ordinateur mais cela ne peut être vrai au vu du
programme officiel d’informatique en vigueur qui prévoit plusieurs cours
pratiques. Il faut bien que les
camerounais exercent partout où le devoir les appelle mais pourquoi cela
concerne t-il plus les enseignants alors qu’il faut bien d’autres choses pour
que l’enseignement se passe bien. Plusieurs enseignants sortant de l’école ont
passé au moins les 5 dernières années dans une cité en ville et subitement ils sont envoyés en brousse
sans toutes ces choses auxquelles ils étaient habitués en ville et sans
espoir qu’ils sortiront de là rapidement, alors, c’est la panique totale. Il y
en a même qui n’ont jamais quitté le domicile familial et quand cela arrive la
première fois c’est pour aller en brousse. Autant de raison font que les
enseignants ne veuillent pas aller dans les zones rurales car ils se sentent
marginaliser par rapport aux autre fonctionnaires et abandonnés à eux même.
L’inaccessibilité/enclavement : c’est un autre facteur qui
empêche les enseignants d’aller travailler en zone rurale, car certains font
trois jours de route avant d’arriver à
leur lieu d’affectation et s’il n’y pas de route c’est aussi clair qu’il n’y a
aucune condition et que peut être, l’enseignant sera parmi les seuls et rares
fonctionnaires du lieu par conséquent il y a un sentiment d’insécurité et
d’abandon.
Tribalisme/marginalisation : il y a des zones où les étrangers
ne sont pas les bienvenus et où même l’école n’est pas vu d’un bon œil. Alors
envoyer un enseignant qui ne parle pas déjà la même langue (la langue étant le
premier facteur d’intégration dans une communauté) que ceux avec lesquels il va
vivre constitue déjà un blocage et expose ce dernier. Ce qui fait que pour
s’intégrer dans la communauté, ce sera très difficile et par conséquent le quotidien
en sera de en plus difficile à assumer d’où la fuite.
Inadéquation entre les croyances et l’école : dans certaine
communautés retirées, l’école est la chose du blanc, de l’étranger et
l’intégration de l’école n’est pas souvent en adéquation avec les croyances et
les façons de vivre de ces personnes. C’est le
cas par exemple des zones
agricoles où tout le monde va au champ quelque soit l’âge hors quand l’école
arrive, elle voudrait que les enfants aillent en classe tandis que les parents
vont au champ, ce qui crée dans la plus part des cas des mésententes et par
conséquent l’enseignant est perçu comme le trouble fête. Et à la longue les
enfants ne viennent plus en classe ou alors quand bien même ils y sont, ils ne
prennent pas part aux activités et l’enseignant devient l’ennemi public et là
surviennent les problèmes de sorcellerie car il faut à tout prix chasser ce
dernier.
Le désir de poursuivre des études : certains enseignants
sortant de l’école veulent souvent continuer leurs études afin d’éviter le risque de s’ennuyer dans
l’enseignement après un certain nombre d’années d’exercice ou même parce qu’ils
ont l’ambition de terminer dans l’enseignement supérieur. Alors quand ils sont
envoyés loin des grandes métropoles où il n’y a pas d’universités ou de
connexion internet afin qu’ils puissent suivre des cours en ligne cela ne peut
être bienvenu surtout que une fois là bas, si vous ne faites rien, il y a des
risques que vous y soyez oublié pour des années.
1-
Quelques dispositions à mettre
en place pour que les enseignants acceptent d’enseigner en zones rurales
Ne créer des écoles que dans les zones désenclavées avec des effectifs raisonnables : il faut
créer des écoles dans les zones accessibles
et où il ya des conditions permettant aux enseignants de vivre
paisiblement et dignement. Ceci étant, il n’est pas bon de créer des écoles
dans des zones perdues où il n’y a même pas assez d’élèves mais plutôt de faire
un recensement pour avoir la moyenne d’élèves et ainsi créer une école dans la ville
la plus proche.
Construire des logements pour enseignants dans ces zones : un
enseignant mal logé ne saurait bien préparer son cours. Donc partout où il y a
une école, l’Etat doit construire des logements gratuits pour les enseignants et s’assurer qu’il y a de l’eau potable ou du
moins faire des forages dans ces quartiers ainsi que les alimenter en électricité avec des groupes
électrogènes. Cette mesure évitera que les enseignants habitent chez les
riverains avec tout ce que cela comporte comme implications.
Construire des hôpitaux partout où il ya une école : un
enseignant mal soigné ou malade ne saurait produire de bons rendements, alors,
l’Etat doit s’assurer qu’il existe un hôpital ou du moins un centre de santé
partout où il existe une école.
Punir sévèrement les délits de sorcellerie : beaucoup
d’enseignants ont trouvé la mort dans ces affectations dans les brousses pour
cause de sorcellerie et s’il est vrai que l’idée de sorcellerie est souvent
ambiguë et se prête à beaucoup d’interprétations, il est également vrai que ce
phénomène existe (et même dans les zones urbaines) et que rien n’est vraiment
fait pour protéger les victimes surtout
lorsqu’elles sont étrangères. Alors, il serait bon que dans ces établissements,
il soit puni tout délit lié à la sorcellerie envers un enseignant.
Chaque enseignant doit obligatoirement faire 5 ans dans une zone rurale :
il s’avère que les enseignants qui acceptent d’aller dans les zones rurales
sont dans la plupart des cas abandonnés
et complètement oubliés, ce qui fait que chacun met tout en œuvre pour
ne pas y aller. Pour donc faire ce cela finisse, l’Etat pourrait décider que le
premier poste de travail de chaque
enseignant soit dans une zone rurale et pour une durée de 5 ans, pendant
lesquels, le lieu peut changer. Et ainsi au sortir de ces 5 ans, l’enseignant
soit promu et ramener dans une zone urbaine, s’il le souhaite. Et ceci
constituerait un critère d’évaluation de
l’enseignant.
Prime pour ceux qui sont en zone rurale après les 5 ans obligatoires :
pour encourager ceux qui exercent dans ces zones, l’Etat pourrait créer une
prime à condition bien sûr que ces derniers y travaillent effectivement et
qu’ils ne payent pas pour se faire établir des prises de service et des
présence effectives fictives.
Ces propositions ne peuvent pas
effectivement résoudre ce problème mais du moins peuvent encourager certains à
accepter ces postes de travail. Mais il demeure très difficile de convaincre un
pur citadin de devenir un villageois car le tout n’est pas que l’enseignant
accepte de travailler dans la zone rurale mais l’on devrait se demander la
qualité de résultat que ce dernier produira s’il n’arrive pas à s’épanouir dans
ce milieu. C’est une question qui reste très sensible car même ceux qui ont des
écoles dans leur village n’acceptent d’y aller travailler et ceci reflète
l’impact de la modernisation sur les camerounais qui s’éloignent de en plus de
leurs racines pour s’agripper de toutes leurs forces sur ce qui ne leur est pas
propre.
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